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Ancienne propriété des princes de Condé, la forêt de Chantilly (Oise, France) revêt une grande valeur économique et patrimoniale ; subissant de nos jours un phénomène de dépérissement massif, cette forêt bénéficie d’un effort de recherche important : c’est dans ce cadre que, dans une démarche d’écologie historique, nous nous intéressons à l’histoire de sa gestion et de ses éventuelles conséquences, en nous basant sur l’étude des archives de la seconde moitié du XVIIIe siècle conservées au musée Condé. Grâce aux documents et cartes anciens nous permettant de comprendre les modalités de la gestion en taillis-sous-futaie de Chantilly entre 1752 et 1766, nous avons reconstitué l’état des réserves dans les peuplements, en surface, densité et surface terrière, structure des catégories de di[...]

Ancienne propriété des princes de Condé, la forêt de Chantilly (Oise, France) revêt une grande valeur économique et patrimoniale ; subissant de nos jours un phénomène de dépérissement massif, cette forêt bénéficie d’un effort de recherche important : c’est dans ce cadre que, dans une démarche d’écologie historique, nous nous intéressons à l’histoire de sa gestion et de ses éventuelles conséquences, en nous basant sur l’étude des archives de la seconde moitié du XVIIIe siècle conservées au musée Condé. Grâce aux documents et cartes anciens nous permettant de comprendre les modalités de la gestion en taillis-sous-futaie de Chantilly entre 1752 et 1766, nous avons reconstitué l’état des réserves dans les peuplements, en surface, densité et surface terrière, structure des catégories de diamètres des arbres, composition spécifique et croissance des chênes ; un inventaire des arbres réservés sur cette période, consignant notamment des informations sur leur espèce, nombre, âge et dimensions, a constitué la pièce majeure de notre étude. Ces données ont été comparées à celles relevées dans la sylvoécorégion de Chantilly par l’IFN lors de ses campagnes d’inventaires menées entre 2005 et 2020. Notre étude tend à décrire, au XVIIIe siècle, une forêt plus claire, avec peu de très gros bois, et à la diversité d’essences moindre qu’aujourd’hui du fait notamment de l’absence totale des résineux et de la place prépondérante du chêne ; les faibles diamètres des arbres réservés, leur densité par classe d’âge et leur dynamique de croissance plus lente qu’aujourd’hui pour les plus jeunes chênes, questionnent l’origine par reproduction sexuée ou végétative de ces arbres. Malgré des limites qu’il faudrait combler par des études complémentaires, ce travail permet de reconsidérer la biodiversité observée à Chantilly et le degré d’artificialisation de la forêt, et propose d’explorer la possibilité d’un lien entre gestion passée et dépérissement actuel.
Former property of the Princes of Condé, the forest of Chantilly (Oise, France) has today strong economic and heritage values. The current dieback of a great number of trees has triggered a consequential research effort around this forest, to which we contribute with this study in historical ecology. We aim at understanding the past management of this forest and whether it could have long-lasting consequences on the forest’s ecosystem, by studying archives kept at the Condé Museum and dating back to the second half of the 18th century. Using old documents and maps to depict how coppice with standards management was implemented in Chantilly between the years 1752 and 1766, we described the past standards kept in stands after cuttings, in size, density and basal area, their composition in diameter classes and species, and we established an oak diameter growth curve. An inventory of the standards stating their species, number, age and dimensions, was the main source of data in this study. We compared this to the current situation by using IFN data collected in the forest ecoregion of Chantilly between 2005 and 2020. Our results show a forest which, during the 18th century, had a lower stand density, few trees of very large diameter, fewer tree species notably due to the absence of resinous trees and a greater proportion of oaks than today. Some standards’ very small diameters, the study of their density per age class and the slow growth of young oaks in the 18th century led us to question the origin of these standards between seeds or coppice shoots. Despite limits that would need to be addressed in future studies, this work allows us to reconsider the biodiversity observed at Chantilly and the degree of artificialisation of this forest, and leads us investigate a possible link between past management and current tree decline.