L’étude de la végétation d’un bassin versant de 1,36 km2 en zone de savane humide africaine (Côte-d’Ivoire) a été conduite dans le cadre d’un programme pluridisciplinaire (équipe HYPERBAV de I’ORSTOM).
Il ressort d’une première analyse que la moitié au moins des savanes boisées, à forte densité de ligneux, correspond, autant qu’on puisse le savoir, à de vieilles jachères (de trente à quarante ans). Ce fait va à l’encontre de l’idée communément admise que l’agriculture dégrade le milieu et conduit au remplacement de végétations boisées par des formations où les arbres sont clairsemés. Devant cet apparent paradoxe, nous avons entrepris une étude floristique, structurale et dynamique de la végétation dans les champs et les jachères pour comprendre les mécanismes de la reconstitution. La[...]
L’étude de la végétation d’un bassin versant de 1,36 km2 en zone de savane humide africaine (Côte-d’Ivoire) a été conduite dans le cadre d’un programme pluridisciplinaire (équipe HYPERBAV de I’ORSTOM).
Il ressort d’une première analyse que la moitié au moins des savanes boisées, à forte densité de ligneux, correspond, autant qu’on puisse le savoir, à de vieilles jachères (de trente à quarante ans). Ce fait va à l’encontre de l’idée communément admise que l’agriculture dégrade le milieu et conduit au remplacement de végétations boisées par des formations où les arbres sont clairsemés. Devant cet apparent paradoxe, nous avons entrepris une étude floristique, structurale et dynamique de la végétation dans les champs et les jachères pour comprendre les mécanismes de la reconstitution. La définition des unités de végétation et leur cartographie présentées dans la première partie sert de base à une analyse plus approfondie.
L’impact du système agricole sur le potentiel de reconstitution de la végétation est ensuite analysé (dans la troisième partie). Dans cette région, les sols sont propres à la culture, l’élevage est inexistant et les feux annuels parcourent les champs et les jachères. On constate une augmentation de l’envahissement par les herbacées avec le nombre d’années de culture (7 en moyenne), accompagnée d’une dégradation des propriétés structurales du sol.
Une analyse synchronique de la reconstitution de la végétation, en fonction des facteurs historiques et des facteurs du milieu (dans la quatrième partie), a permis de reconnaître 4 types différents de dynamique : (1) dans le cas des zones défrichées mécaniquement, la vitesse de reconstitution de la végétation est très lente (peu de
diversité spécifique et faible implantation de ligneux) ; (2) dans les zones de bas de versant, le couvert ligneux reconstitué est faible dans les jachères et comparable à celui de la végétation naturelle ; (3) dans les zones de haut de versant, la reconstitution de la végétation est rapide, avec une densité et une surface terrière des ligneux élevées; (4) dans les zones de mi-versant, cas le plus étonnant, la végétation reconstituée après des cultures sur défrichement de savane arborée basse, se révèle être de type savane boisée basse (densité et surface terrière d’arbres plus fortes que celles de départ). Certains facteurs interviennent préférentiellement sur le fonctionnement hydrodynamique des sols. Sur le bloc défriché mécaniquement et sur le bas de versant, ce sont les micro-organisations pédologiques de surface qui favorisent l’installation d’espèces de termites (du genre Trinervitermes). Ces espèces détruisent les herbacées et occasionnent l’encroûtement de la surface du sol limitant ainsi l’infiltration. Ils agissent donc négativement sur l’installation des ligneux et, en fait, auto-entretiennent la dégradation. En revanche, sur le haut de versant et sur la mi-versant, la végétation favorise l’installation d’une autre espèce de termites (Macrotermes bellicqsus) qui détruit périodiquement les croûtes superficielles. Les sols sont ainsi bien aérés, bien drainés et la végétation se trouve ainsi favorisée
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