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La forêt française couvre 16,9 millions d’hectares, ce qui représente 31% du territoire métropolitain1. Cette large couverture forestière constitue un véritable atout pour les territoires, et ce d’un point de vue sociétal, économique et environnemental. D’abord, c’est un véritable levier pour le développement touristique. En effet, la forêt est un lieu privilégié de bien-être qui participe à l’attractivité des territoires. Elle offre un panel de loisirs et d’activités attrayant (promenades, randonnées, découverte de la faune et la flore, accrobranche, sylvothérapie…), notamment auprès d’une population devenue très citadine qui exprime de plus en plus un besoin de renouer avec la nature. La filière forêt-bois est également un vecteur de développement économique. Les activités liées à l[...]

La forêt française couvre 16,9 millions d’hectares, ce qui représente 31% du territoire métropolitain1. Cette large couverture forestière constitue un véritable atout pour les territoires, et ce d’un point de vue sociétal, économique et environnemental. D’abord, c’est un véritable levier pour le développement touristique. En effet, la forêt est un lieu privilégié de bien-être qui participe à l’attractivité des territoires. Elle offre un panel de loisirs et d’activités attrayant (promenades, randonnées, découverte de la faune et la flore, accrobranche, sylvothérapie…), notamment auprès d’une population devenue très citadine qui exprime de plus en plus un besoin de renouer avec la nature. La filière forêt-bois est également un vecteur de développement économique. Les activités liées à la gestion forestière, la mobilisation de la ressource, le transport et la transformation du bois sont sources d’emplois locaux. La filière crée également de la valeur ajoutée sur divers marchés (ameublement, construction, emballage, énergie, industrie papetière). Qui plus est, pour les collectivités propriétaires de forêts, la vente de bois contribue au financement du budget de celles-ci. Les forêts présentent enfin plusieurs intérêts en termes environnementaux. Elles sont des réservoirs de biodiversité et, en stabilisant les sols et en luttant contre leur érosion, préviennent certains risques naturels. Elles permettent ainsi de garantir la sécurité des personnes, des biens et des activités en limitant les risques d’éboulement, de glissements de terrain ou encore de crues torrentielles. Enfin, elles sont un puits de carbone et un levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre vers l’atmosphère, soit un moyen de faire face à un défi pour les sociétés dont l’ampleur est considérable : le changement climatique.
Dans leur « rapport spécial sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 °C » (GIEC, 2018), le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) affirme qu’en 2017, les activités humaines auraient provoqué un réchauffement d’environ 1 °C par rapport aux niveaux préindustriels. En outre, il estime que celui-ci devrait atteindre 1,5 °C entre 2030 et 2052 s’il continue de croître au rythme actuel. Il signale également que l’évolution du climat a d’ores et déjà des conséquences observables, que celles-ci s’intensifieront et se multiplieront au fil du temps si rien n’est fait pour freiner le niveau d’émissions actuel2, et qu’elles menacent gravement le bien être humain en exposant les hommes à des risques pour la santé, la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, l’approvisionnement en eau et la sécurité des personnes. Mais la survie des écosystèmes forestiers, et donc leur capacité à fournir l’ensemble des services énoncés précédemment, est aussi mise en péril par la hausse des températures et les sécheresses. Les forêts françaises commencent d’ailleurs déjà à présenter des signes de sensibilité à l’évolution du climat. Au-delà de la nécessité de valoriser leurs diverses fonctions, il est donc également devenu indispensable d’assurer leur adaptation aux nouvelles conditions climatiques à venir.
Les élus locaux, responsables de l’aménagement et du développement du territoire, ont donc tout intérêt à faire de la forêt et de la filière forêt-bois des composantes à part entière des politiques territoriales, en particulier au sein des politiques de transition écologique et énergétique, mais aussi à impulser des projets en vue d’adapter les espaces forestiers de leurs territoires. Parmi les actions pouvant être mises en oeuvre par les collectivités pour valoriser ou préserver les écosystèmes forestiers, les projets carbone forestier semblent répondre au double enjeu d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à celui-ci. Se pose donc la question des outils que les collectivités peuvent mobiliser pour les assister dans la mise en oeuvre de ce type de projets ainsi que de leur appropriation. C’est l’objet de la présente étude qui vise ainsi à établir un état des lieux des dispositifs existants et d’étudier leur appropriation par les collectivités forestières sous l’angle de la légitimité.