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Le delta du Sénégal est une plaine inondable dont l’hydrologie a fortement changé depuis la moitié du 20ème siècle à cause de la construction de deux barrages de retenue sur le fleuve Sénégal à Diama et le développement de l’agriculture irriguée, particulièrement des rizières (Ngom et al., 2016). Il abrite une importante diversité d’oiseaux d’eau que l'on trouve dans des zones humides ou de végétations inondées ; qui ont besoin de la présence d’eau pour leur développement, survie et reproduction. Cette dépendance les oiseaux d’eau rend sensibles aux modifications de leur habitat et certaines populations ont diminué à cause de l’impact des activités humaines (chasse, agriculture intensive, les travaux d’aménagement) sur les zones humides (Kushlan, 1997). Le projet RESSOURCE (Renforceme[...]

Le delta du Sénégal est une plaine inondable dont l’hydrologie a fortement changé depuis la moitié du 20ème siècle à cause de la construction de deux barrages de retenue sur le fleuve Sénégal à Diama et le développement de l’agriculture irriguée, particulièrement des rizières (Ngom et al., 2016). Il abrite une importante diversité d’oiseaux d’eau que l'on trouve dans des zones humides ou de végétations inondées ; qui ont besoin de la présence d’eau pour leur développement, survie et reproduction. Cette dépendance les oiseaux d’eau rend sensibles aux modifications de leur habitat et certaines populations ont diminué à cause de l’impact des activités humaines (chasse, agriculture intensive, les travaux d’aménagement) sur les zones humides (Kushlan, 1997). Le projet RESSOURCE (Renforcement d’Expertise au Sud-Sahara sur les Oiseaux et leur Utilisation Rationnelle en faveur des Communautés et de leur Environnement) est l’une des composantes du programme financé par l’Union Européen Sustainable Wildlife Management (SWM) qui a démarré en Janvier 2017 dont l’échéance est de 3 ans, il vise à contribuer à la conservation des oiseaux d’eau et de leurs habitats en intervenant sur des sites pilotes en améliorant les connaissances sur l’état des populations ainsi que sur l’exploitation des différentes espèces et leurs habitats par les communautés. Pour concilier la conservation et l’exploitation de la ressource oiseaux d’eau et leur habitat ; l’une des actions conduites est la mise en place d’un observatoire « Oiseaux d’eau – Zones humides – Humains » (observatoire DFS-OE) alimenté en partie par des dispositifs de gestion communautaire de façon à garantir un bon ancrage local. La méthode GOSS2 et l’approche CoObs ont été choisies par les pilotes du projet RESSOURCE, le volet « mise en place des dispositifs de gestion communautaire » s’appuie sur la méthode GOSS fondée sur une approche participative et adaptative ; et le volet « mise en place d’un observatoire de développement territorial » s’appuie sur l’approche CoObs3. En effet, la méthode GOSS sert à renforcer la capacité des communautés dans la gestion des ressources naturelles et dans le suivi de leurs activités. En concevant un système simple de suivi, GOSS permet aux membres de la communauté villageoise de collecter leurs données, choisir les données à collecter mais aussi en faire l’analyse de manière autonome, et ainsi ajuster à mesure la gestion de la zone de suivi. En outre, l’approche CoObs est une approche conçue et adoptée par le CIRAD depuis 2012 qui sert à mettre en place un dispositif d’action collective dans le cadre d’un observatoire de développement territoriale. Pour préparer la mise en place de l’observatoire DFS-OE, l’équipe CIRAD à laquelle j’ai été intégrée a rencontré les acteurs clés listés lors d’un atelier précédent afin d’identifier les membres d’un futur Comité d’Orientation. Nous avons ensuite adapté le processus CoObs à un contexte de durcissement du jeu d’acteurs dû aux travaux d’aménagements soudains réalisés par le PDIDAS4 dans la zone des Trois Marigots au printemps. En effet, le PDIDAS est un programme du gouvernement sénégalais lancé en 2014, qui a pour objectif de favoriser le développement de l’agriculture commerciale inclusive et une gestion durable des terres dans la Vallée du Ngalam et autour du lac de Guiers c’est-à-dire agriculture qui tient compte à la fois de la petite exploitation familiale et de la sécurisation des investissements privés. Cela se traduit par des investissements dans les infrastructures en particulier dans l’irrigation, à une assistance technique aux institutions publiques clés (en particulier les communautés rurales), et à un appui au secteur privé (y compris les petits exploitants agricoles) tout au long des chaînes de valeur de l’agro-business. Enfin j’ai été chargée de construire un premier service informationnel qui met en évidence les pressions anthropiques sur les aires protégées, en distinguant les différents types de protection. Cette mission m’a permis de conduire en autonomie un projet de mise en place de dispositif communautaire et de comprendre l’importance du jeu d’acteurs dans les phases amont de la méthode GOSS. Elle m’a aussi permis de mesurer la difficulté de mise en place d’un dispositif d’action collective CoObs dans un contexte de double discours national officiel, qui prône simultanément la conservation de la biodiversité et l’agrobusiness.