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Les amas de feuilles mortes de posidonies (Posidonia oceanica) sur les plages de Méditerranée constituent un moyen naturel de lutte contre l’érosion des plages en amortissant l’énergie des vagues et en retenant les particules sédimentaires. Cependant, elles sont généralement considérées comme une source de nuisance, obligeant les collectivités à trouver des modes de gestion conciliant le statut de protection de la posidonie, le maintien du trait de côte, et la valeur touristique des plages. Pour mieux comprendre les services écosystémiques rendus par les banquettes de posidonies, une étude bibliographique a été réalisée dans ce rapport pour les identifier : provision d’un habitat, rôle dans le cycle des nutriments, rétention des sédiments, apport de fibres végétales, ressource génétiq[...]

Les amas de feuilles mortes de posidonies (Posidonia oceanica) sur les plages de Méditerranée constituent un moyen naturel de lutte contre l’érosion des plages en amortissant l’énergie des vagues et en retenant les particules sédimentaires. Cependant, elles sont généralement considérées comme une source de nuisance, obligeant les collectivités à trouver des modes de gestion conciliant le statut de protection de la posidonie, le maintien du trait de côte, et la valeur touristique des plages. Pour mieux comprendre les services écosystémiques rendus par les banquettes de posidonies, une étude bibliographique a été réalisée dans ce rapport pour les identifier : provision d’un habitat, rôle dans le cycle des nutriments, rétention des sédiments, apport de fibres végétales, ressource génétique, régulation de l’érosion et lutte contre la submersion marine, valeur patrimoniale de la posidonie, support pour des travaux de recherche, d’éducation ou pour de l’éco-tourisme. Parmi les modes de gestion aujourd’hui pratiqués, le remaniement des banquettes sous la forme d’un millefeuille recouvert où les feuilles mortes de posidonies sont étalées sur la plage et recouvertes de sable, semble offrir le meilleur compromis. Cependant, cette technique relève d’une pratique empirique dont les bénéfices physiques, écologiques, économiques et sociétaux n’ont jamais été étudiés jusqu’ici. CREOCEAN et le BRGM réalisent une expérimentation grandeur nature pour évaluer l’efficacité de la technique du millefeuille. Pour cette étude, la plage de la Madrague à Sainte-Maxime a été divisée en deux zones d’étude, une où les banquettes sont laissées au naturel (BN) et l’autre où elles sont remaniées en millefeuille (MF). Ces deux zones sont suivies pendant un an à l’aide d’un système photographique permettant de suivre l’évolution du trait de côte et la dynamique des banquettes remaniées ou non. Ces phénomènes sont mis en lien avec les paramètres hydrodynamiques obtenus grâce à la mise en place d’un modèle. De manière parallèle, le rôle écologique des BN et du MF est étudié via une approche structurelle utilisant la technique du métabarcoding de l’ADN environnementale, afin de déterminer les taxons de microfaune (bactéries, champignons) et de macrofaune spécifiques des deux types de structures. Une approche fonctionnelle est aussi réalisée avec l’étude de la compacité, la granulométrie, la concentration en matière organique et en nutriments. Ce rapport présente les résultats préliminaires des deux premiers mois de l’étude (juillet à septembre 2020). L’étude de la dynamique du trait de côte et des banquettes par système photographique semble efficace. Il faudra cependant attendre le traitement des images par le BRGM pour plus de précisions. La période d’étude ne permet pas d’observer d’évènements météorologiques majeurs ni d’évolution du trait de côte. Pour une hauteur de houle maximale de 1,11m sur la période, aucun évènement d’érosion n’a été observé ni aucun phénomène de destruction des structures étudiées. Les accumulations de feuilles mortes de posidonies se font quelques heures après les pics de houle et sont les plus importantes quand la houle est normale à la plage. La technique du métabarcoding de l’ADNe pour des écosystèmes de type banquette est utilisée pour la première fois dans cette étude. A ce stade, les résultats de l’analyse d’ADNe ne sont pas suffisants pour conclure sur le rôle écologique des banquettes avec une richesse spécifique de 10 et 98,67% des séquences trouvées pour l’analyse de la macrofaune qui ne sont pas assignés. Il n’est donc pas possible de mettre en place une analyse semi-quantitative pour comparer les BN et le MF. Les premiers résultats ont donc conduit à un changement de pratique dans les protocoles d’échantillonnage. L’approche fonctionnelle ne montre pas, 11 jours après la mise en place du MF, de différence significative de compacité, de granulométrie ou de physicochimie entre les BN et le MF. Les taux de COT, NTK et de P semblent cohérents par rapports aux chiffres trouvés dans la littérature pour les banquettes de posidonies. Ce rapport servira de première référence pour la suite de l’expérimentation GEBAPO.