Infodoc : Sciences, Techniques et Culture

Deux formes d’agriculture se développent actuellement, en réponse aux questionnements sociétaux et environnementaux auxquels l’agriculture fait face : l’agriculture biologique (AB) et l’agriculture de conservation (AC). Ces deux agricultures intègrent, dans leurs objectifs, le bon fonctionnement du sol comme une composante primordiale de l’équilibre du système de production. Toutefois, les pratiques utilisées en AB, en particulier dans les systèmes « spécialisés », peuvent, elles aussi, avoir des impacts contrastés sur la qualité des sols. En effet, la spécialisation des systèmes entraine une diminution des apports de matières organiques fraîches et de la part des légumineuses dans la succession culturale, à l’origine d’une baisse de fertilité des sols. En outre, la qualité physique d[...]

Deux formes d’agriculture se développent actuellement, en réponse aux questionnements sociétaux et environnementaux auxquels l’agriculture fait face : l’agriculture biologique (AB) et l’agriculture de conservation (AC). Ces deux agricultures intègrent, dans leurs objectifs, le bon fonctionnement du sol comme une composante primordiale de l’équilibre du système de production. Toutefois, les pratiques utilisées en AB, en particulier dans les systèmes « spécialisés », peuvent, elles aussi, avoir des impacts contrastés sur la qualité des sols. En effet, la spécialisation des systèmes entraine une diminution des apports de matières organiques fraîches et de la part des légumineuses dans la succession culturale, à l’origine d’une baisse de fertilité des sols. En outre, la qualité physique des sols est impactée par les opérations de travail du sol répétées, notamment dues à la gestion mécanique des adventices. Ceci est d’autant plus vrai pour la production d’aliment infantile (BBF) AB, pour laquelle le travail du sol est un levier indispensable pour assurer l’absence de contaminants exigée (adventices, pierres …). Par ailleurs, les connaissances sur l’amélioration de la qualité des sols par la combinaison des principes de l’AB et de l’AC (ABC) en légumes industrie de plein champ (LPC) et en arboriculture sont encore peu nombreuses, et de multiples freins techniques existent. Il est donc nécessaire d’accompagner les producteurs AB dans la mise en place de pratiques améliorant la qualité des sols, en combinant des options techniques issues de l’AB et/ou de l’AC en fonction des spécificités de chaque ferme et de chaque producteur. L’objectif de ce stage est de (i) construire une méthode d’accompagnement des producteurs pour la mise en place de systèmes de culture améliorant la qualité des sols pour les productions de LPC ou de fruits (pommes et poires), AB ou en conversion, en particulier pour les producteurs devant respecter le cahier des charges BBF, et de (ii) la tester auprès de deux groupes pilotes (un en arboriculture, un en LPC). Pour ce faire, nous avons fait l’hypothèse que (i) il est possible de créer une démarche de co-conception de systèmes de culture améliorant la qualité des sols en arboriculture et LPC AB ; et de l’ajuster en fonction des observations effectuées à chaque atelier grâce à des outils d’évaluation réflexifs ; (ii) cette démarche permettra de co-concevoir des systèmes de culture adaptés aux contraintes et objectifs propres à chaque ferme et améliorant a priori la qualité des sols ; (iii) les ateliers de co-conception proposés permettront une hybridation de savoirs empiriques et de connaissances scientifiques et techniques dans le contexte de connaissances limitées sur l’ABC, via la capitalisation et la valorisation des connaissances adaptées aux objectifs posés. Afin de mettre au point cette méthode de co-conception, cinq étapes ont été nécessaires : (i) le recrutement d’agriculteurs cibles et la caractérisation de leurs objectifs via un entretien individuel ; (ii) la mobilisation et la mise à disposition des connaissances existant sur les pratiques ABC en arboriculture et en LPC ; (iii) la création d’outils mobilisables pour les ateliers permettant de matérialiser les choix techniques à l’échelle de l’ITK en arboriculture, et de l’ITK et de la rotation en LPC, une grille d’évaluation à dires de producteurs, adaptée à chaque agriculteur, et des techniques d’animation ; (iv) l’animation d’ateliers tests de la méthode ; (v) l’évaluation de la démarche proposée et son adaptation au regard des résultats obtenus. A la suite de ces cinq étapes, nous proposons une méthode ayant vocation à être transférée à d’autres animateurs, qui se déroule selon deux étapes : (i) le recrutement d’agriculteurs cibles et la caractérisation de leurs objectifs via un entretien individuel ; (ii) l’animation d’un atelier pour chaque producteur souhaitant améliorer la qualité des sols de l’un de ses systèmes. Une version de la méthode a été conçue pour les productions fruitières, et une pour les LPC. La méthode a été appliquée, en arboriculture, auprès d’un groupe de cinq producteurs des Hautes-Alpes, dont trois ont reconçu leur système. Les ateliers test réalisés ont montré, d’après une grille d’évaluation ex-ante des prototypes conçus, remplie à dires de producteurs à l’issue de chaque atelier, que la méthode permet bien de construire des systèmes de culture améliorant la qualité des sols et répondant aux objectifs et contraintes de chaque producteur. Pour parvenir à ce résultat, les agriculteurs ont mobilisé des savoirs issus de leur expérience, mais également certains savoirs théoriques et empiriques transmis par l’intermédiaire des fiches techniques proposées. Cette hybridation des savoirs a cependant été limitée, et des ajustements de la méthode seront alors effectués au cours des prochains ateliers pour favoriser la valorisation des supports de
transmission. La méthode conçue et les outils produits dans le cadre de ce stage seront transmis à des animateurs dans le cadre d’une formation, afin qu’ils puissent à leur tour accompagner les producteurs de leur réseau dans la conception de systèmes de culture améliorant la qualité des sols.