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La qualité de l’eau du captage la commune de Saint-Privé est dégradée par des métabolites de matières actives (MA) d’herbicides qu’on retrouve en concentrations importantes (dépassant les normes sanitaires pour la potabilité) dans la nappe captée pendant l’hiver après d’importants événements pluvieux. Cela justifie la mise en place d’un traitement des eaux brutes préalable à la distribution de l’eau. La nappe est retenue dans un aquifère crayeux karstique. Il y a donc des transferts d’eau (et donc potentiellement de pesticides) rapides entre la surface et la nappe captée au niveau de zones d’infiltration préférentielles. Une part importante de la surface de l’AAC est drainée, avec des situations où l’eau de drainage potentiellement chargée en pesticides est dirigée vers des zones d’in[...]

La qualité de l’eau du captage la commune de Saint-Privé est dégradée par des métabolites de matières actives (MA) d’herbicides qu’on retrouve en concentrations importantes (dépassant les normes sanitaires pour la potabilité) dans la nappe captée pendant l’hiver après d’importants événements pluvieux. Cela justifie la mise en place d’un traitement des eaux brutes préalable à la distribution de l’eau. La nappe est retenue dans un aquifère crayeux karstique. Il y a donc des transferts d’eau (et donc potentiellement de pesticides) rapides entre la surface et la nappe captée au niveau de zones d’infiltration préférentielles. Une part importante de la surface de l’AAC est drainée, avec des situations où l’eau de drainage potentiellement chargée en pesticides est dirigée vers des zones d’infiltration. Le fait que l’eau circule en surface offre aussi des possibilités d’épuration. Le projet COCARDE est une initiative rassemblant 6 agriculteurs de l’AAC du captage de Saint-Privé préoccupés par la qualité de l’eau, accompagnés par la chambre d’agriculture de l’Yonne et l’INRA dans le cadre d’un groupe 30000. Ce projet consiste en l’application, à petite échelle et pour la question de la pollution des captages par les pesticides, d’une démarche de pilotage dynamique d’actions pour la qualité de l’eau ayant produit des résultats prometteurs dans une AAC à enjeu nitrate : celle de Brienon-sur-Armançon. C’est une démarche menée dans une logique de résultat avec en ligne de mire une cible représentant ce que serait une eau de qualité dans le futur pour les parties prenantes de la démarche. Il s’agit de comprendre les processus à l’origine de la pollution et de se doter d’outils pour concevoir des actions prometteuses pour la qualité de l’eau une première fois. La mise en oeuvre de ces actions est suivie et les résultats obtenus sur la qualité de l’eau sont comparés avec les résultats attendus des actions. L’écart constaté permet de réduire les incertitudes et de réorienter les actions pour tendre progressivement vers l’objectif fixé. Nous avions donc besoin d’un schéma de fonctionnement de la pollution du captage par les herbicides et leurs produits de dégradation partageable et compréhensible par les acteurs du territoire pour servir cette démarche de conception dynamique. Nous nous sommes concentrés sur certaines zones de l’AAC : les sous-bassins versants (SBV) « pilotes » dans lesquels les agriculteurs du groupe exploitent des parcelles. Nous avons évalué des risques d’émission de pesticides hors des parcelles dans ces zones selon les contextes de sols, de drainage et de pente sur la base d’informations transmises par les agriculteurs. Afin d’aller jusqu’à la qualité de l’eau exportée par les SBV « pilotes » vers la nappe captée et pas seulement la qualité de l’eau exportée par les champs, nous avons produit des connaissances sur le rôle des éléments du paysage dans ces SBV et synthétisé celles qui étaient disponibles sur le fonctionnement hydrologique des sols. Le principal défi était de trouver une manière de combiner ces informations pour faire apparaître les voies de transfert de pesticides principales mais aussi de rendre les connaissances partageables au sein du groupe COCARDE. Nous avons fait le pari d’intégrer sur une même carte le rôle des éléments sur le rôle des éléments du paysage dans la limitation des transferts de produits phytosanitaires et le fonctionnement hydrologique des sols. Ces cartes ont été utilisées pour partager un diagnostic de la qualité de l’eau à l’échelle des SBV en remettant dans un contexte plus large les risques évalués sur les parcelles. Elles ont servi de support à la réflexion pour la mise en place de points de mesure de qualité de l’eau pour consolider le diagnostic réalisé. Elles montrent qu’il y a des situations différentes, à la fois en termes de d’émissions hors des parcelles et en termes de possibilités d’épuration entre le champ et la nappe. Nous avons constaté que cela aide à penser la qualité de l’eau à une échelle globale et cela donne une première idée de l’ampleur des actions à mener selon les SBV et des possibilités qui existent, bien qu’il y ait des zones d’ombre et que les outils développés ne soient pas appropriés pour un dialogue avec des acteurs du territoire moins initiés que ceux ayant pris part au projet.

The water quality of Saint-Privé water catchment is degraded by herbicides metabolites that reach high concentrations in groundwater (above the thresholds for drinking water), mostly during winter after heavy rainfalls. Water is treated before being distributed to people living in the area supplied by the catchment. The water table is located in a karstified and cracked chalk aquifer. Thus, in some places, fast connections between surface and groundwaters that pose a risk to groundwater quality because surface waters, potentially contaminated by herbicide active substances or metabolites reach the groundwater without being filtrated by the soil. A significant part of the water catchment area is drained, and drain exits can be directed to such places. On the other hand, water flowing on the surface can be purified on its way from the filed exit to the groundwater table. The COCARDE project gathers six farmers to whom water quality is a subject of concern from the water catchment area of Saint-Privé, supported by the local Chamber of Agriculture and the INRA. It aims to apply, at small scale and regarding the issue of water contamination by pesticides, a dynamic approach for the design of actions in favor of water quality that has shown promising results in a water catchment area with nitrates issues: the Brienon-sur-Armançon water watchment area. It is a goal-based approach in which stakeholders define what would be a good water quality for the future. The idea is to build a reliable knowledge of the contamination processes and find tools to design promising actions for water quality in the first time. Following the implementation of those actions enables to compare the results of those actions on water quality and what was expected from them. Actions are then modified according to the gap between the obtained and the expected results, in order to reach the target. We needed an accurate understanding of the catchment pollution mechanisms and a suitable representation for sharing our perception of the issue to solve to support the dynamic design process. We focused on a small number of areas of the water catchment area corresponding to small hydrologic units (SHU). We assessed the risk of pesticides losses at the field scale depending on the active substance and the cultivated field (soil type, drainage, and slope) according to information given by the project farmers. In order to tackle water quality at a larger and more relevant for the water catchment quality than the field scale, we identified the main water fluxes flowing across the SHU. It required gaining knowledge regarding the influence of landscape on water and pesticides fluxes in those areas and on soil hydrology. The main challenge was finding a way of combining the information that would help us identify the main pesticides ways of transfer at the SHU scale and that would be useful for sharing our results. We chose to create maps gathering information about landscape influence on water and pesticides transfers and soil hydrology. Those maps were used to share a diagnosis of the water quality at SHU scale by correcting the field scale risks according to what we assume to be the ways of pesticides once they are carried out of the field. They served to draw up a set of measures in order to test the hypotheses on which the diagnosis realized rely. They show that there are different situations in terms of pesticides losses from the fields depending the soil type and drainage and in terms of filtration options for water between the field exit and the groundwater table. We noticed that this representation helps tackling water quality at a global scale. Moreover, it gives insight on what level of change has to be achieved to reach a good water quality for the different SHU, despite the uncertainty remaining and what options are available. Finally, we think that the maps remain difficult to read for farmers who have not been involved in the project because of the amount of information they contain. They have to be improved in order to be used for the same purpose with a wider public.