Infodoc : Sciences, Techniques et Culture

Les émissions de gaz à effet de serre de l’intégralité du secteur agricole représentent environ 30% des émissions mondiales. Les exploitations agricoles sont responsables de la moitié de ces émissions et sont par ailleurs les plus vulnérables au réchauffement du climat. Un certain nombre de politiques mettent en place des instruments, dont l’efficacité est discutée, permettant à l’exploitation agricole d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter. Parmi eux, des règlements, tels que le verdissement de la PAC, ou la directive nitrate, des taxes sur les produits phytosanitaires ou des instruments de marché comme le système communautaire d’échange de quotas d’émissions. Les efforts actuels ont amené à une réduction d’émissions européenne de 24% depuis 1990. Cependant, les nouvea[...]

Les émissions de gaz à effet de serre de l’intégralité du secteur agricole représentent environ 30% des émissions mondiales. Les exploitations agricoles sont responsables de la moitié de ces émissions et sont par ailleurs les plus vulnérables au réchauffement du climat. Un certain nombre de politiques mettent en place des instruments, dont l’efficacité est discutée, permettant à l’exploitation agricole d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter. Parmi eux, des règlements, tels que le verdissement de la PAC, ou la directive nitrate, des taxes sur les produits phytosanitaires ou des instruments de marché comme le système communautaire d’échange de quotas d’émissions. Les efforts actuels ont amené à une réduction d’émissions européenne de 24% depuis 1990. Cependant, les nouveaux objectifs du paquet énergie climat 2030 comptent sur des progrès bien plus rapides et la grande majorité des politiques publiques focalisent leurs mesures sur un seul acteur : l’agriculteur. Pour cela, cette étude analyse les potentialités de la coordination entre les différents maillons d’une même filière agricole. Le panorama des initiatives privées et publiques étudiées montre une grande diversité de stratégies, classées en trois grandes catégories : valorisation financière, paiement pour service rendu et affichage environnemental. A la lumière de quelques indicateurs (transparence, accessibilité des données, applicabilité, nombre de maillons impliqués, niveau d’exigence, coûts de transaction), ces démarches sont analysées et montrent qu’engager des contrats entre le producteur et un acteur de l’amont ou de l’aval permet d’offrir visibilité et sécurisation de revenu à l’agriculteur, facilitant ainsi l’adoption de nouvelles pratiques plus vertueuses pour le climat. L’adoption durable de ces pratiques est favorisée par le partage du risque et par un accompagnement des agriculteurs apporté par les pouvoirs publics (soutien à l’innovation notamment) et par les autres maillons de la filière (coopérative, chambre d’agriculture en particulier). Ces autres maillons sont plus importants encore lorsqu’il s’agit de lever des barrières psychologiques, tel que le regard des pairs et de la famille sur son propre travail.

Greenhouses gas emissions of the agricultural sector represent about 30% of world emissions. Farms are responsible for half of these emissions. Furthermore, they are the most vulnerable to global warming. Some policies, whose effectiveness is discussed here, have set up tools that enable farms to mitigate and adapt to climate change. Among these policies, regulations such as greening the CAP or the Nitrates Directive, taxes on plant protection products or marketing tools like the European Union Emissions Trading System, are studied. Current efforts have led to a 24% European emissions reduction relative to 1990 levels. However, achieving the new targets of the climate and energy package 2030 requires more rapid progress. One of the obstacles to this required rate of emissions reduction is that the vast majority of public policies focus their efforts on a single player: the farmer. This study analyses the potential of coordination between the different links of the agricultural chain. The study of private and public initiatives landscape shows a wide variety of strategies, sorted in three groups: financial promotion, payment for services rendered and environmental communication. Using some indicators (transparency, data access, applicability, number of links involved, requirement, transaction costs), these approaches are analyzed. Analysis shows that contracts between the producer and an upstream or downstream link present more visibility and income security for the farmer, which facilitates the adoption of new climate-friendly practices. The sustainable adoption of these practices is stimulated by risk sharing and by assistance from the public authorities (for instance, innovation support) and other entities in the agricultural sector (cooperatives, Chamber of Agriculture). These other links are even more important to overcome some psychological barriers and pressures coming from peers and family.