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Le titre couvre des thèmes actuels, encore que cette modernité tienne surtout à leur formulation, à leur médiatisation, à l'inquiétude soulevée, aux politiques engagées. Car, de tout temps, certains arbres ont attiré la dévotion et l'affection, qu'ils soient liés à une divinité ou détiennent des pouvoirs guérisseurs. Les deux points sont souvent liés. Cependant, il existe d'autres arbres non moins importants, qui jalonnaient une voie de déplacement (invasion, voyage, pèlerinage) ou qui furent le théâtre de drames affreux (pendaison, fusillade, enterrement, etc.) ; il en est d'autres enfin qui ont joué un rôle dans le déroulement d'une bataille ou dans le repérage d'un site. On les maintint donc. On les maintint d'autant plus qu'ils figuraient sur des cartes anciennes, que leurs noms f[...]

Le titre couvre des thèmes actuels, encore que cette modernité tienne surtout à leur formulation, à leur médiatisation, à l'inquiétude soulevée, aux politiques engagées. Car, de tout temps, certains arbres ont attiré la dévotion et l'affection, qu'ils soient liés à une divinité ou détiennent des pouvoirs guérisseurs. Les deux points sont souvent liés. Cependant, il existe d'autres arbres non moins importants, qui jalonnaient une voie de déplacement (invasion, voyage, pèlerinage) ou qui furent le théâtre de drames affreux (pendaison, fusillade, enterrement, etc.) ; il en est d'autres enfin qui ont joué un rôle dans le déroulement d'une bataille ou dans le repérage d'un site. On les maintint donc. On les maintint d'autant plus qu'ils figuraient sur des cartes anciennes, que leurs noms furent repris dans la cartographie contemporaine. Tous n'y sont pas. Comment s'effectue le tri ? Cependant, pour toutes ces raisons, le choix des hommes les a épargnés. Quelles procédures permirent de les sauver puis de les classer ? Certes, il arrive qu'on enfreigne le classement (vandalisme), qu'on le remette en cause (arasement) pour construire un lotissement, une rocade, etc. Sans compter que tout comme nous, les arbres sont mortels : l'âge, les maladies, les accidents de l'histoire (guerre) et de la nature (gel, vent) les abîment, les condamnent même. Comment prendre la décision de les abattre ? Comment est-ce perçu ? Quelles réactions cela déclenche t'il ? Enfin, comment prolonger l'existence d'un ligneux célèbre par sa forme, son essence, sa vétusté ; ses légendes, son histoire, ses fonctions ? Au bout du compte, l'acharnement thérapeutique que certains réclament est-il justifié ? D'ailleurs, la question se pose parfois quand on déplace des sujets très volumineux.
Bref, un protectionnisme intransigeant débouche sur un "Ne touche pas à mon arbre !" quelque peu utopique. En tout cas, il gêne les gestionnaires (les affaires qui prirent tournure politique ne manquent pas...), il coûte de l'argent aux contribuables (pas tant que cela..) et surtout il peut être irrationnel. Car c'est normal de veiller à la sécurité des passants, il l'est tout autant de renouveler les arbres dans les villes comme dans les forêts. Aucun sujet n'y échappe, même les plus vénérables. Combien de platanes d'Asclépios, l'Esculape romain, se succédèrent à Cos, de figuiers Ruminalis à Rome ?, de tilleuls de Guillaume de Ruysbroeck à Gronendael ? Dès lors, pourquoi avons-nous la passion des vieux arbres ? Est-ce un héritage soigneusement entretenu ? Ou notre comportement indique-t-il des besoins nouveaux, des mentalités récentes ?