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Les agences de l'eau, initialement baptisées agences financières de bassin, ont été conçues au départ comme un outil aux mains de l'Etat pour financer les équipements en matière d'épuration et d'assainissement. Elles ont cependant acquis leur indépendance, en planifiant elles-mêmes les besoins de la population et les moyens financiers pour les satisfaire. Ce succès s'est en premier lieu appuyé sur l'adoption d'une politique globale et intégrée de l'eau : une législation complète, la gestion par bassin versant, la participation aux décisions des acteurs concernés, le principe pollueur payeur, et la solidarité financière entre usagers (les payeurs ne sont pas forcément les bénéficiaires des aides). Mais il repose également sur certains facteurs externes tels que la relative homogénéïté [...]

Les agences de l'eau, initialement baptisées agences financières de bassin, ont été conçues au départ comme un outil aux mains de l'Etat pour financer les équipements en matière d'épuration et d'assainissement. Elles ont cependant acquis leur indépendance, en planifiant elles-mêmes les besoins de la population et les moyens financiers pour les satisfaire. Ce succès s'est en premier lieu appuyé sur l'adoption d'une politique globale et intégrée de l'eau : une législation complète, la gestion par bassin versant, la participation aux décisions des acteurs concernés, le principe pollueur payeur, et la solidarité financière entre usagers (les payeurs ne sont pas forcément les bénéficiaires des aides). Mais il repose également sur certains facteurs externes tels que la relative homogénéïté économique de la population ou l'existence d'organisations d'utilisateurs puissantes capables de peser sur les décisions publiques. En quelques années, la France s'est ainsi dotée
d'une gestion rationnelle de l'eau. Plusieurs pays ont essayé de copier ce système notamment le Brésil et l'Indonésie, mais les résultats ne sont pas encore très nets. En effet, certains des éléments qui ont contribué à la réussite du système français sont pour l'instant absents de ces expériences, en particulier l'implication des acteurs aux décisions qui pourtant les concernent au premier chef. Dans ces conditions, la question de la pertinence de l'implantation d'une agence de l'eau en Colombie, pays en pleine mutation politique et institutionnelle depuis le vote de la nouvelle constitution en 1991, se pose avec acuité. D'un point de vue légal, le nouveau schéma colombien de gestion de l'environnement rend possible la création d'organismes de bassin. Toutefois, plusieurs des éléments qui ont contribué au succès des agences françaises ne sont pas encore au rendez-vous. En effet, la législation ne dispose pas encore réellement des moyens de ses ambitions et la
participation des acteurs comme la solidarité financière sont loin d'être des principes répandus dans ce pays, en particulier marqué par la pauvreté, la violence et un régionalisme exacerbé. Néanmoins, un système de planification au niveau du bassin de l'Aburra, basé sur des prévisions à long terme fiables des besoins en eau et des resources à collecter, pourrait ouvrir la voie à une gestion rationnelle de l'eau en Colombie, comme le montre la simulation réalisée avec le logiciel WATER 2.