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Aujourd'hui, la plupart des économistes et des sylviculteurs considèrent que la vente des bois forts représente l'essentiel du revenu forestier, encore que le produit des nettoiements et des éclaircies puisse être appréciable. Mais cela n'a pas toujours été. Autrefois, l'espace forestier accueillait les usagers et leurs animaux. Les "droits d'usage", définis par les "chartes d'usages", impliquaient des servitudes perpétuelles en échange de redevances non moins perpétuelles : les servitudes grevaient la propriété ; les redevances allaient au propriétaire. Outre les usagers, les riverains pratiquaient des cueillettes saisonnières plus ou moins admises ; les travailleurs exploitaient, eux, des arbres ou des terrains en fonction du contrat passé entre propriétaires et concessionnaires. Se[...]

Aujourd'hui, la plupart des économistes et des sylviculteurs considèrent que la vente des bois forts représente l'essentiel du revenu forestier, encore que le produit des nettoiements et des éclaircies puisse être appréciable. Mais cela n'a pas toujours été. Autrefois, l'espace forestier accueillait les usagers et leurs animaux. Les "droits d'usage", définis par les "chartes d'usages", impliquaient des servitudes perpétuelles en échange de redevances non moins perpétuelles : les servitudes grevaient la propriété ; les redevances allaient au propriétaire. Outre les usagers, les riverains pratiquaient des cueillettes saisonnières plus ou moins admises ; les travailleurs exploitaient, eux, des arbres ou des terrains en fonction du contrat passé entre propriétaires et concessionnaires. Ses termes valaient pour la durée du bail. Ce serait une erreur de croire la situation révolue, surtout dans les contrées où la récolte ligneuse ne correspond pas à la demande.Certaines collectes demeurent gratuites. D'autres, au contraire, importent grandement. Il en est même qui opposent le propriétaire aux contrevenants ! Ces conflits renvoient à une divergence d'interprétations. D'un côté, des personnes supposent la forêt libre et ses produits offerts : elles y entrent et les prennent. De l'autre, des possédants essayent ou décident de clore le fonds et de commercialiser ses produits non ligneux, "menus produits" de grande valeur. Ainsi, les conceptions ancestrales sont récupérées par la société contemporaine. Elles n'étaient pourtant pas exemptes de fantasmes car, loin d'être libre, l'accès était fonction du statut : l'individu en avait l'"usage", la "possession" ou la "propriété", toute confusion étant promptement redressée. Dès lors, comment concilier les objectifs du propriétaire et la revendication des usagers, fondée ou non ? De plus, comment intégrer l'ensemble des ressources au revenu forestier ? Car, dans l'univers des citadins, la forêt compte davantage au plan esthétique qu'économique.